Après notre mésaventure de la veille (cf. notre crevaison sur la piste Luritja depuis Kings Canyon), on est contraint de revoir nos plans. En effet, sur ces pistes sableuses et rocailleuses, le risque d’une seconde crevaison n’est pas nul et on a déjà utilisé notre seule roue de secours. On n’a donc pas vraiment d’autres choix que de se rendre le plus tôt possible à Alice Springs pour trouver un garage et réparer le pneu endommagé. Mais, on réalise qu’on est dimanche et que la probabilité de trouver un garage ouvert à Alice Springs est faible. Ne voulant pas faire la route en vitesse pour rien, on décide donc de consacrer cette journée au parc national West MacDonnell.
Autant le dire tout de suite, une seule journée pour faire le tour de ce parc c’est court. Notre plus grand regret est de ne pas pouvoir arpenter le « Larapinta trail », une randonnée de 225 km d’Alice Springs à Redbank gorge dont certaines sections sont faisables à la journée. Non seulement nous n’avons pas assez de temps, mais les températures en cette période sont caniculaires (elles sont plus fraîches d’avril à octobre). On se replie donc sur les gorges du parc dans l’espoir de pouvoir se tremper dans l’une d’elles. Comme, on a passé la nuit à proximité de l’accès pour Redbank gorge, c’est tout naturellement notre première destination du jour.
Redbank gorge – 157 km d’Alice Springs
Durée : 1h30
Distance : 2,6 km aller-retour
Difficulté : Facile
On prend donc avec nous nos affaires de bain avec l’intention de faire un brin de toilette après plusieurs jours dans la poussière du désert. Le sentier suit le lit de la rivière déjà complètement asséchée en cette mi-novembre.
Puis, au bout d’une petite heure de marche, on atteint la fameuse gorge. À notre arrivée, un dingo détale à toute vitesse dans les collines. La gorge porte bien son nom, car le lit de la rivière se rétrécit pour ne laisser passer qu’un petit bras de rivière entre deux falaises rouge-ocre. Il y a un bassin au pied des falaises. Mais l’eau est marron, vaseuse, peu profonde et grouille de bestioles, alors notre envie de baignade s’envole vite.
L’endroit n’est pas particulièrement joli, mais l’atmosphère calme du matin est agréable. Brusquement, on entend un bruit sourd qui résonne. Comme on est dans le lit de la rivière, on pense d’abord à un « flood » (une vague d’eau soudaine qui se créée suite à un orage). Ce sont des phénomènes courants dans l’outback australien. Très vite, on commence à reculer en regardant comment monter sur les hauteurs. Mais le bruit s’arrête. On se raisonne en se disant qu’il doit sans doute s’agir du bruit d’un animal qui a résonné entre les parois de la gorge.
Après tout ce qu’on a vu, on doit bien dire qu’on n’est pas éblouis par l’endroit. Avec un peu plus d’eau, sans doute que les lieux auraient plus de charme. Sur le chemin du retour, on croise un autre dingo, mais cette fois noir. Celui-là semble moins sauvage, car il nous regarde l’air amusé avec sa queue qui se balance.
Le point de vue du Mont Sonder – 133 km d’Alice Springs
Un kilomètre avant la gorge Glen Helen, on s’arrête à un point de vue sur le mont Sonder. Depuis cette colline, on a une vue sur une immense prairie traversée par une rivière avec en toile de fond le mont Sonder. Cela rappelle par certains côtés la savane africaine. On peut même observer des dingos aller et venir se désaltérer dans la rivière.
La gorge Glen Helen — 132 km d’Alice Springs
À quelques centaines de mètres de la homestead (sorte de propriété fermière) du même nom se trouve un des seuls bassins permanents du parc national West MacDonnell. Par permanente, on entend que celle-ci est remplie d’eau à l’année. On se dit que cette fois c’est l’occasion idéale pour notre douche hebdomadaire ! Toutefois, la rivière Finke en aval de la gorge est encore une fois totalement asséchée. On remonte le lit de la rivière dans le sable jusqu’à atteindre de grandes herbes hautes et vertes, signe que l’eau ne doit pas être très loin.
En effet, on débouche sur un grand bassin d’eau. Des cailloux en bordure du rivage permettent un petit rinçage sans se jeter à l’eau. Étonnamment avec la chaleur qui règne, l’eau est encore glaciale ! Dans tous les cas, ce brin de toilette fait un bien fou, car avec la chaleur de ces derniers jours et la poussière de l’outback, on commençait à sentir le dingo 😉 . La solitude dans cet endroit ajoute quelque chose de mystique. On est au milieu du désert et pouvoir profiter de ce bassin d’eau entouré de roseaux et de falaises ocre apparaît comme un don du ciel. C’est une véritable oasis. Sans s’en rendre compte, on passera plusieurs heures à s’imprégner de l’endroit.
La gorge Ormiston — 136 km d’Alice Springs
Ghost gum lookout
Durée : 30mn
Distance : 1,5 km aller-retour
Difficulté : Facile
Comme l’heure tourne, on opte pour une petite randonnée qui conduit à un point de vue surplombant la gorge Ormiston. Cette gorge est plus large et imposante que les deux autres. Elle nous rappelle certains paysages de l’Ouest américain.
Le point de vue tire son nom d’un immense eucalyptus qui trône seul au milieu du surplomb comme un fantôme perdu dans le désert. On se demande comment cet arbre a pu pousser ici au milieu de nulle part. Y aurait-il un peu de magie dans les lieux ? Décidément tous les lieux ayant une signification pour les aborigènes, nous offre un décor inspirant la méditation et la contemplation.
Plutôt que de faire le grand tour qui redescend jusqu’à Ormiston creek, on décide de faire demi-tour pour profiter de la gorge depuis le bas. Là encore il y a de l’eau, mais les lieux sont plus fréquentés. Et puis encore une fois, en ce début de saison sèche cela ressemble plus à une flaque d’eau sale qu’à un bassin.
À partir du parking de la gorge Ormiston, la route devient goudronnée. C’est donc un soulagement pour nous, car le risque de crevaison devient moins important. On effectue un dernier arrêt dans un lieu qui attise notre curiosité.
Ochre Pits – 112 km d’Alice Springs
Ochre Pits est une zone où les aborigènes viennent extraire l’ocre pour leurs peintures, leurs cérémonies et le commerce. Au départ, un panneau explique les différents usages faits par les aborigènes en fonction des couleurs. Puis, un sentier permet d’atteindre la mine pour observer ces roches striées de jaune, rouge, mauve, etc. La coloration est liée à la quantité plus ou moins importante de fer et d’autres minéraux présents dans la roche. C’est encore une fois un lieu important pour les aborigènes. Il faut donc le respecter notamment en ne prélevant aucun échantillon de roche.
La fin du parc national West Macdonnell
Jusqu’à Alice Springs, le parc offre encore de nombreux points d’intérêt :
- Serpentine gorge : une courte randonnée mène à un point de vue sur la gorge ;
- Ellery creek big hole : le trou d’eau le plus profond du parc, idéal pour la baignade, et pique-niquer, mais très fréquenté, car proche d’Alice Springs ;
- Standley chasm : crevasse entre deux falaises imposantes. Privée, il faut payer un droit d’entrée et ce n’est pas donné !
- Simpsons gap : un autre bassin d’eau avec des petites randonnées et la possibilité d’apercevoir le fameux wallaby des roches aux pattes noires.
Pour nous, l’exploration du parc national West Macdonnell prend fin ici, car on doit rallier Alice Springs avant la nuit, toujours pour la même raison : éviter les kangourous sur le pare-brise !
Notre avis
Le parc national West MacDonnell permet d’apporter un peu de variété dans les paysages monotones du désert du centre rouge. Mais, pour pleinement apprécier les lieux et notamment les gorges, mieux vaut prévoir une visite pendant la saison des pluies (avril à novembre). En effet, à cette saison les gorges seront pleines d’eau et la baignade sera plus propice.
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